Retour mission Equateur projet VAMOS-A-QUEDAR

Un projet avec Mehdi Saqalli

Publié le 31 mars 2023 Mis à jour le 31 mars 2023

VAMOS-A-QUEDAR est un projet de recherches en Sciences Sociales avec un long acronyme : « Vulnérabilités en Amérique latine: Modélisation sur base d’Observations Sociospatiales et Anthropo-économiques en QUêtes des Dynamiques, Aléas et Résiliences locales ». Il est financé par le LABEX SMS Structuration des Mondes Sociaux qui soutient la mise en place de connexions entre études sociales et interdisciplinaires. L’acronyme dit le propos de ce projet : comprendre et formaliser les dynamiques, contraintes et vulnérabilités de différents mondes ruraux d’Amérique Latine, avec un choix de deux pays, Mexique et Equateur.

Le projet est parti du constat que les méthodes d’enquête utilisées au laboratoire GEODE sont peu partagées et combinées pour produire de l’information et de la comparaison. Pourtant, les objets d’étude et les pays investigués sont comparables : des enjeux sur des ressources en commun dans des pays d’Amérique Latine où souvent la puissance publique est faible et où les acteurs sont insérés dans des réseaux plutôt que soumis à des lois normées, même si celles-ci existent mais sont plus difficilement appliquées. A. Angéliaume-Descamps et M. Saqalli travaillent depuis quelques années déjà respectivement sur le Mexique et l’Equateur et il paraissait intéressant de construire une méthodologie combinant ces outils et de voir si ces démarches sont effectivement génériques.

Spécifiquement, la mission correspondait au montage en pratique de ce projet :
  • Une collaboration est depuis plusieurs années envisagée avec Felipe Cisneros, Professeur à l’Université de Cuenca. Comme l’indique le nom de cette ville inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO (Cuenca = bassin versant en espagnol), elle est une ville d’eau, recevant plusieurs cours d’eau torrentiels. Ces partenaires souhaiteraient voir sur place l’emploi de certaines méthodes d’enquête comme le ZADA ;
     
  • Le deuxième terrain équatorien est le front pionnier équatorien dans la province de Pastaza et plus précisément la région du Transkutuku, par définition par-delà la cordillère du Kutuku, prolongation équatorienne de la Cordillera del Condor, où vivent en majorité des Shuars (plus connus comme les Jivaros, terme dépréciatif). Cette zone vient d'être ouverte à la colonisation par la création d'une route (la route de Taïsha: cf. carte) entre 2015 et 2019, là où il fallait faire 45 à 80 km à pied. Les installations de colons se sont multipliées comme la demande de concessions minières et comme le braconnage et l’abattage illégal. Il est question de développer une action de diagnostic équivalente à la région de Cuenca mais pour cela, dans un contexte de défiance vis-à-vis des extérieurs, souvent envoyés par des compagnies minières. Il fallait donc obtenir l’accord des présidents des deux fédérations Shuar principales en responsabilité sur le territoire.

Cette mission, sur février 2023, consistait à d’abord à monter avec les partenaires équatoriens les futures actions et s’est faite seul facilitant ainsi l’adaptation aux obligations liées aux discussions avec les partenaires et leur disponibilité :
  • Elaboration d’un programme et d’une planification du projet sur les bassins versants de Cuenca
  • Elaboration d’un programme et d’une planification du projet sur les cantons de Taïsha et de Makuma
  • Cartographie sociospatiale par zonages à dires d'acteurs des dynamiques territoriales et agricoles.

Retour en image : Cuenca, ville historique, avec ses quatre bassins versants l’approvisionnant en eau :

Cette ville est exposée à des besoins croissants en eau et en énergie. Si apparemment, elle dispose abondamment des deux par les bassins versants qui l’approvisionnent, ces besoins sont éventuellement contradictoires et deux de ces bassins font l’objet de conflits entre leurs vocations agricoles et maraîchères d’une part et leur usage hydroélectrique, déjà effectif pour l’un.
Le deuxième terrain est ensuite le Transkutuku, où la route a donc été nouvellement ouverte.



Elle permet de relier aux grands axes du pays Makuma, puis Taïsha.

 

Pour autant, nombre de villages restent peu accessibles (ou seulement par funiculaire) :

Cette étape a abouti à la conclusion de deux accords, chacun avec les deux fédérations principales Shuar & Ashuar, la NASHE basée à Makuma (NAción SHuar del Ecuador) et la FICSH (Federación Interprovincial de Centros Shuar) basée à Sucua.