Résidence 1+2 : le photographe Téo Becher en immersion au laboratoire GEODE

Publié le 6 juin 2023 Mis à jour le 7 juin 2023

Pendant 2 mois, il a promené son appareil dans le laboratoire et sur le terrain, retour sur cette collaboration de 2 regards

Créée à l’initiative de Philippe Guionie fin 2015, la Résidence 1+2 est un festival de résidences de création associant la photographie et les sciences, ancré en Occitanie.
Programme artistique annuel, l’initiative associe trois photographes pour une résidence de deux mois. Durant ce temps, les photographes vivent ensemble et créent une œuvre personnelle et inédite. Leurs travaux se nourrissent d’échanges avec les chercheurs. En associant la photographie et les sciences, la Résidence 1+2 produit, valorise et promeut une photographie d’auteur en liens étroits avec un patrimoine scientifique exceptionnel sur le territoire.

Téo Becher est un jeune photographe français, résidant à Bruxelles. S’il répond à l’appel à candidature de la Résidence 1+2, c’est que son travail interroge depuis toujours les interconnexions entre l’humain et l’environnement. Pour exemple, l’ouvrage Charbon blanc associé à son travail photographique réalisé dans la vallée de la Maurienne, dans les Alpes françaises l’ont fait s’interroger sur l’impact des activités humaines sur l’évolution du paysage en général et sur la forêt notamment. Il choisit donc tout naturellement le laboratoire GEODE afin de poursuivre cette même réflexion.



La phase de sélection passée, Téo Becher a pu promener son appareil photo analogique au laboratoire GEODE sur les mois de mars et avril derniers. Son émerveillement franc et sa vive curiosité lui ont permis d’être tout de suite intégré et apprécié des chercheurs qui lui ont naturellement proposé de les accompagner sur le terrain.

Auprès de Vanessa Py-Saragaglia, Mélanie Saulnier, Marie Bal, Jean-Paul Métailié ou encore Franck Vidal, des « forêts anciennes» de Bernadouze aux châtaigneraies de la Vallée du Viaur en passant par la forêt péri-urbaine de La Ramée, il a pu exercer son travail intuitif en s’inspirant de l’approche globale de la géographie pour nourrir sa propre pratique artistique. Alors que l’on pourrait penser les sciences cloisonnées entre les différentes disciplines, son expérience au sein du laboratoire GEODE lui ont montré l’ensemble de paramètres étudiés et pris en compte lors de l’étude d’un environnement. Les interactions de l’homme sur son environnement sont multiples, les points de vue à adopter le sont tout autant.

Si Téo Becher et les chercheurs se sont si bien entendus, c’est aussi que photographie et géographie dialoguent très bien, les deux disciplines s’appuyant sur le visuel. Elles s’enrichissent et se complètent depuis toujours, la photographie a historiquement beaucoup été utilisée comme outil de preuve scientifique et la science utilise maintenant énormément les images, autant comme objet d’analyse que comme support de diffusion. La photographie s’adapte au terrain, elle donne à voir les traces et la science y répond en lui donnant du sens, de la profondeur.
Dans le cas de la forêt, la photographie représentera le paysage et la science viendra le décoder en expliquant la présence et la forme de tel type d’arbres, par exemple.
Pour une confrontation vraiment totale entre regard artistique et regard scientifique, le laboratoire GEODE a également ouvert les portes de ses bureaux et plateformes à Téo Becher.

Les échanges de points de vue, entre le cartésien et l’esthétique, ont été enrichissants, autant pour les chercheurs que pour le photographe. Très habitués à dialoguer avec la communauté scientifique, de plus en plus en interaction avec le grand public, les chercheurs n’ont que rarement l’occasion d’être en lien avec le monde artistique, cette résidence a donc été vécue comme un véritable enrichissement.

Du coté de Téo Becher, les échanges et l’immersion auprès des membres du laboratoire GEODE lui ont permis d’affiner et d’affirmer sa trajectoire professionnelle vers de nouvelles pistes de réflexion sur la place de la science dans le rapport au monde, au paysage, ainsi que sur les représentations de la nature.



Pour découvrir plus en détail le fruit de cette riche collaboration, il faudra attendre les mois d’octobre et novembre prochains. Trois supports viendront rendre compte de cette expérience : une exposition des photographies de Téo Becher au Centre Bonnefoy, un ouvrage aux éditions Filigranes ainsi qu’une journée au colloque Photographie & Sciences dans l’auditorium des Abattoirs, organisée le 14 octobre 2023.


Crédits photos :
©Enora Boutin (couverture)
©Solal-Israel
©Teo-Becher-Taillis-de-hetre-Foret-de-Bernadouze-Residence-12-2023
©Enora Boutin
©Teo-Becher-Souche-Foret-de-Gresigne-Residence-12-2023
©Enora Boutin


Article original UT2J