Comment le CNRS prend en compte son impact sur la biodiversité

Publié le 17 juin 2024 Mis à jour le 17 juin 2024

À la différence de la lutte contre le réchauffement climatique, la sixième extinction de masse peine à mobiliser. Acteur majeur de la recherche sur la biodiversité, le CNRS et ses structures s’efforcent de limiter leur impact sur le vivant.

« La biodiversité est un sujet difficile à faire appréhender, en raison de sa complexité, de ses enjeux et de notre responsabilité dans sa dégradation ». Amélie Coantic, adjointe au commissaire général au développement durable, donne le ton de la journée « Biodiversité : comprendre et agir » qui se tenait le 7 juin au siège parisien du CNRS. Virginie Schwarz, présidente de Météo France et du Club développement durable des établissements et entreprises publics (CDDEEP)1 rajoute qu’« on a souvent une vision exotique de la biodiversité, alors que les enjeux en France sont aussi importants en raison d’un patrimoine naturel très riche, à l’image des 21 234 espèces endémiques qui peuplent notre pays ».

En dépit de ces lacunes, les connaissances sur la biodiversité progressent, notamment au CNRS qui, en plus d’être l’un des tout premiers contributeurs mondiaux aux travaux du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), voit également « ses scientifiques s’investir fortement auprès de la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques » (IPBES), « le GIEC de la biodiversité », comme l’a rappelé son président-directeur général Antoine Petit le 7 juin.

C’est donc dans cette dynamique que le CNRS accueillait ce jour-là dans ses locaux parisiens la dernière réunion plénière du CDDEEP, principal réseau d’organismes publics volontaires et engagés dans la voie du développement durable, portant précisément sur la biodiversité.

 La recherche pour documenter l’érosion du vivant

Le temps d’une matinée, les interventions visaient à nuancer l’idée avancée par Philippe Grandcolas, directeur adjoint scientifique (DAS) de CNRS Écologie & environnement, selon laquelle la biodiversité comme « la grande impensée ». Lui-même participait à la session pour y rappeler l’urgence d’agir face à l’érosion du vivant, tandis que d’autres interventions présentaient la stratégie nationale biodiversité ou la nouvelle agence de programme « Climat, biodiversité, sociétés durables » confiée en fin d’année dernière par le Président de la République française au CNRS, sous la direction d’Elsa Cortijo. À la différence des mesures contre les émissions de gaz à effet de serre, la préservation de la biodiversité peine à mobiliser l’opinion publique. Le DAS de CNRS Écologie & environnement explique ce faible attrait pour le sujet en raison des représentations culturelles dominantes en Occident, dans lesquelles « les services écosystémiques sont perçus comme lointains, flous » et la sixième extinction de masse « comme un problème éthique, un triste constat sans conséquences fonctionnelles sur la planète ».

Pour y remédier, Philippe Grandcolas plaide pour « produire encore plus de connaissances fondamentales et les partager avec la société de manière à éclairer les décisions stratégiques » concernant les millions d’espèces qui peuplent la planète. De ce point de vue, l’IBPES joue un rôle clef dans la diffusion internationale des connaissances scientifiques. Placée sous l’égide des Nations Unies, elle met en place des expertises collégiales à l’échelle mondiale ou régionale sur des sujets de biodiversité et de services écosystémiques et de leur durabilité. Depuis la création de l’IPBES en 2012, à la demande du gouvernement français, le CNRS y tient une place majeure, avec plus d’une vingtaine de scientifiques mandatés pour les rapports de la plateforme. Lui-même siégeant parmi les représentants du CNRS à l’IPBES, Philippe Grandcolas invite ses collègues à se porter volontaire auprès de l’instance onusienne, car « le CNRS a la force d’avoir des experts dans tous les domaines de la plateforme scientifique et celle-ci a besoin de tels experts ».

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